WordPress a-t-il perdu son âme avec Gutenberg ?
Aujourd’hui, je me fais l’avocat du diable. Parce que même si j’admire le projet Gutenberg, j’ai trop vu de galères côté clients, devs, et utilisateurs pour ne pas ouvrir un peu le débat.
Gutenberg : le pari qui voulait tout changer
Quand Gutenberg est arrivé en 2018, on nous a vendu ça comme une révolution. Un nouveau souffle. La promesse de moderniser WordPress. Et ouais, sur le papier, c’est ce que ça a fait.
On passe d’un champ de contenu unique à un système de blocs façon Lego. Plus modulaire, plus visuel, plus « moderne ». Le but ? Mettre un bon coup de balai dans le vieux WordPress et venir jouer dans la cour des grands, accesssoirement essayé de ratttrapé du retard sur ses concurrents comme Webflow, Notion ou même un bout de Figma.
Mais franchement, entre nous : t’as pas eu l’impression que c’était plus une vitrine pour les devs React qu’un vrai gain pour les utilisateurs ?
Gutenberg, c’est pas juste un outil : c’est une nouvelle façon de penser WordPress. Et si t’es pas dans le moule — genre, si t’es pas à l’aise avec React, ou si t’as toujours aimé le classic editor — ben tu te retrouves vite largué.
Maintenant que la poussière est retombée… regardons les dégâts. Car oui, Gutenberg a aussi divisé la communauté comme jamais auparavant.
Le grand écart qui divise tout le monde
Gutenberg a mis une claque à la communauté. Et pas une petite tape amicale.
Les utilisateurs historiques ? Complètement paumés. Les développeurs back ? Déstabilisés. Et les nouveaux arrivants ? Déjà paumés avant même d’avoir écrit un titre.
Tu veux juste écrire un article ? Bah bonne chance. Faut gérer des blocs, des colonnes, des groupes, des templates, des styles, des trucs réutilisables… et prier pour que rien ne se casse à la prochaine mise à jour.
L’outil qui devait simplifier l’édition devient parfois plus complexe.
Résultat :
- Les clients ne comprennent plus leur interface.
- Les freelancers passent leur vie à faire du support.
- Les agences forment leurs clients sur ce qui aurait dû être intuitif.
On a remplacé une UX vieillotte par un puzzle 3D. Techniquement impressionnant, mais franchement, au quotidien, ça pique un peu.
Et c’est là que la question qui fâche arrive : Est-ce qu’on n’aurait pas construit un monstre trop parfait… pour les mauvaises raisons ?
Projet d'orgueil ou vraie vision ?
Là, je vais peut-être être un peu cash, mais tant pis. J’ai parfois l’impression que Gutenberg, c’est surtout une vitrine technique. Une façon de dire : « Hé les devs JS, regardez comme WordPress peut être cool maintenant ! »
Et en vrai, ouais, c’est clean. L’API est bien fichue, la perf est pas mauvaise, et y’a plein de concepts stylés. Mais c’est pas censé être un outil pour publier du contenu à la base ?
Quand tu dois expliquer à ton client pourquoi son bloc de bouton a changé de couleur après une mise à jour, ou pourquoi son pattern a « mystérieusement disparu », tu te dis qu’on a peut-être perdu le fil.
C’est comme si on avait voulu prouver quelque chose. Impressionner la scène React. Briller dans les confs. Et on a un peu oublié les gens qui utilisent vraiment WordPress tous les jours.
Est-ce qu’on peut revenir sur Terre ?
Je dis pas qu’il faut jeter Gutenberg. Loin de là. Il y a du potentiel de ouf. Mais faut qu’on redescende un peu. Qu’on se rappelle pourquoi WordPress existe.
C’est un outil pour publier. Pour construire des sites vite. Pour permettre à n’importe qui de se lancer.
Alors voilà ce que je kifferais voir :
- Un vrai mode simplifié pour les rédacteurs occasionnels.
- Un éditeur plus tolérant, plus stable, moins pète-couille.
- Des ponts sérieux entre les pages builder existants, ACF, FSE, et Gutenberg.
- Des docs pensées pour les devs back, pas que pour les contributeurs JS core.
Bref : remettre un peu de bon sens.
En résumé
Gutenberg, c’est pas un échec. C’est pas non plus un succès total. C’est un chantier. Et c’est OK.
Mais à un moment donné, faut se demander : est-ce qu’on construit un outil pour les utilisateurs, ou un terrain de jeu pour les devs ?
Si on veut que WordPress reste pertinent, il faut écouter les vrais gens. Ceux qui cliquent, qui publient, qui galèrent. Pas juste ceux qui codent.
Gutenberg peut être un super outil. Mais seulement si on arrête de vouloir en faire une démonstration de force. Et qu’on le ramène à sa mission première : aider les gens à s’exprimer sur le web.
Simplement. Efficacement. Sans drama.